Antilogus Trétiack
commentent l'actualité
Semaine du 25 mars au 1er avril
Après
l'agression du RER de Grigny…
Tous nos
conseils pour défendre son wagon.
Hélas, rien n'est moins sûr
En tant que petits fils de déportés
notoires nous nous sentons autorisés à prodiguer des conseils ferroviaires à
nos amis banlieusards. Soumis démuni face aux cagoulards briseurs de vitres et
vifs des poings, l'usager RATP-SNCF fait souvent figure de zébu livré aux mâchoires
des caïmans : une vraie quiche à dévorer en pack. La récente agression de
Grigny, que la presse a qualifiée d'attaque façon Far West, a démontré la vulnérabilité
du matériel roulant. Nos wagons ne sont pas conçus, et c'est regrettable, pour
résister à des essaims d'assaillants armés de barres de fer et de bombes
lacrymogènes. Zéro blindage, aucun sas de protection et dans le lot, pas un guss
qui ait des couilles. Ce jour-là, sur la ligne, l'issue du schpounz ne faisait
aucun doute. Les passagers trappés
dans le Grigny Nanterre étaient voués à la boite à gifles, aux béquilles. Total,
ils se sont faits soulager de
leurs bijoux, gourmettes, portables et portefeuilles. Déjà pas bien riches en
montant dans la rame, les malheureux en sont ressortis essorés, comme des
nazes. La honte !
Ceci ne doit plus se produire.
La science du wagon acquise
par nos aïeux dans les heures de l'Occupation, quand Gestapo et SNCF marchaient
roue dans roue, doit aujourd'hui servir à tous. Le provincial monté à Paris, le
visiteur occasionnel, la prostituée en quête de micheton ou les teuffeurs en
retour de boîte ont le droit eux aussi de se déplacer sans risquer une tête au
carré., un cravatte et des manchettes.
Nos conseils : dans chaque
voiture on nomme un chef de rame, qui peut changer à chaque station, au gré du
trafic et des allers et venues. Dès lors, le chef de rame, hissé sur un
strapontin et muni de jumelles scrute les voies, sifflet en bouche, prêt à
alerter ses congénères qui se tiennent tapis sous les banquettes. Au moins signe suspect : feu sur la
voie, sirène stridente, présence d'encapuchonnés sur les quais, jets de fumigènes…
le type lance l'alarme traditionnelle : "gaffe !" Aussitôt, les
victimaires se précipitent aux vitres
pour contrer la poussée des jeunes. De forts coups d'attaché-case sur
les phalanges des agresseurs doivent suffire à les faire choir sur la voie, et
tant pis si le Sartrouville-Créteil passe à ce moment en sens inverse. Ca va
hacher menu. Si malgré tout, un groupe de prédateurs en jogging parvient à
forcer une porte, les gros du wagon (car il y a toujours des gras du bide dans
un wagon, et surtout sur la ligne Grigny-Nanterre où le snacking compose l'ordinaire
du Pékin (à Grigny, on grignote), les gros donc s'élancent en avant pour
colmater la brèche de leur corps, dans un suprême sacrifice. Oui, Messieurs les
râleurs, il y a encore des héros en France.
Si jamais plusieurs portes cèdent,
ouvrant l'allée centrale à la horde en survêt, les défenseurs du wagon, sans
jamais lâcher leur carte Navigo – car la loi doit s’appliquer pour tous - se replient en bon ordre et en chantant
la Marseillaise. En cas de siège qui s'éternise, wagon cerné sur une voie de
garage, l'essentiel est de rester calme. Un passager moyen, en bonne santé,
peut tenir 72 heures en buvant son urine, filtrée dans la mousse des sièges. Si
certains ont sur eux quelques vivres :
sodas tièdes, sucreries, ships, sandwichs Sodebo, M&M's, pizzas et
kebabs, le chef de rame, s'il n'a pas été lynché à coups de casque, organise la
mise en commun et le rationnement lipidique des substances de bouche. Le but,
après intervention de la RAF, est que chacun puisse rejoindre Londres en bonne
santé.
Voilà, nous espérons avoir été
utiles avec ces quelques conseils de bon sens.
Et rappelons surtout que le
meilleur moyen de ne pas être agressé dans le métro, c'est encore de prendre sa
bagnole. Vraoooumm !
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